Le château de Voltaire

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Reconstruit par Voltaire entre 1758 et 1766 à l’emplacement d’une maison forte et d’une gentilhommière, le château de Ferney présente les principales caractéristiques des résidences de campagne aristocratiques du bassin lémanique : dimensions modestes, austérité affichée des décors extérieurs constitués pour l’essentiel par des ouvrages d’angle, des pilastres et des fenêtres en grès molassique, avant-corps central surmonté d’un fronton aux armes du seigneur.

La bâtisse, qui a tout d’une demeure bourgeoise, présente néanmoins certaines particularités étrangères à l’architecture régionale : toit mansardé sans doute inspiré de l’hôtel d’Evreux (actuel Palais de l’Elysée), propriété de la marquise de Pompadour et protectrice du philosophe, arrière-corps central arrondi – aujourd’hui détruit – d’inspiration anglo-saxonne, ailes adjointes au corps central par l’architecte et faïencier Léonard Racle en 1765 et 1766. Habitée à l’année, la demeure bénéficiait à l’origine d’un décor raffiné et du confort moderne (poêle, salle de bains…).

La « chapelle » de Voltaire

Cette « chapelle » de Voltaire était à l’origine l’église commune et fut, depuis sa construction en 1761, le « clou » de la visite à Ferney, indispensable pour tout hommage rendu au Patriarche. Au cours de la Révolution, les deux clochetons coiffant les deux petites tours de la façade furent abattus, supprimant ainsi son caractère purement voltairien.

« L’Eglise de Voltaire » ! Comment ces deux termes ont-ils pu se rapprocher, car enfin, Voltaire fut de son vivant et aux XIXe et XXe siècles, « le porte étendard de l’impiété, l’Antéchrist, le Loup garou » si l’on en croit son curé Pierre Hugonet.

Le paradoxe n’est qu’apparent puisqu’en achetant en 1758 la terre et seigneurie de Fernex à la famille de Budé, Voltaire en avait certes acquis les droits mais aussi les devoirs. Devoirs dont il était très conscient ainsi qu’il l’affirme à son ami le comte d’Argental : « J’édifie mon peuple … Je bâtis une église ; j’y communie, et je m’y ferai enterrer, mort-dieu !… Je suis bon seigneur de paroisse… ». Devoirs qu’il remplissait comme nous l’indique l’un de ses visiteurs : « l’église est petite. Quand M. de Voltaire entre, il se place dans la chapelle près de la petite porte, à côté de laquelle se trouve son tombeau en forme de pyramide ; puis il s’agenouille et suit le culte comme font tous les autres ».

Ne soyons pas tout à fait dupes ! Cette église, située de tout temps à 40 mètres de la porte du château, gênait Voltaire, l’empêchant de tracer une belle allée cavalière au droit de l’allée d’accès du château. Mais il dut renoncer à la déplacer en raison de l’opposition du clergé local et finalement : « attenant à sa maison, se trouve une moitié de l’église paroissiale. Il a fait tomber l’autre moitié, et donné à ce qui reste une nouvelle façade, en ayant eu le culot d’écrire en lettres d’or « Deo Erexit Voltaire », ce qui en faisait « la seule église de l’Univers dédiée à Dieu seul ».

Voltaire à Ferney