Apostrophes

Ecoutez les milliers d’âmes malheureuses qui, du fond de l’abîme où ces infâmes lectures les ont précipitées, vous crient, à vous leurs enfants, à vous leurs amis, leurs disciples et leurs imitateurs, de repousser ces productions infernales, de les arracher des mains de vos enfants, de les livrer aux flammes, et de ne pas tremper surtout dans le moderne et affreux complot des nouvelles éditions, dont tous les coopérateurs rendront solidairement compte au Juge suprême des maux qui en auront résulté, et des âmes qui y trouveront leur perte éternelle.

Mandement de MM les Vicaires généraux du chapitre métropolitain de Paris,
le siège vacant, pour le saint temps de Carême
, 1817

Un pilori, soit.

Qu’on y attache le buste de Voltaire, et que la France ordonne à tous ses enfants, depuis le premier citadin de ses villes jusqu’au dernier paysan de ses hameaux, de souffleter l’ignoble visage et de le couvrir de boue.

Voilà le centenaire de l’homme tel qu’il faut le comprendre et l’exécuter.

Mirecourt, Voltaire, ses hontes…, 1877, p. 128

Voltairomanes, voilà votre idole, voilà votre oracle ! Pavanez-vous, soyez fiers, placez Voltaire dans le temple des grands hommes, donnez ses œuvres comme prix dans vos lycées et vos collèges, acclamez-le comme une gloire de la patrie, comme un oracle !

Anonyme, La Voltairomanie, 1878

Le progrès des lumières ! quand le flambeau de la philosophie n’a été jusqu’ici qu’une torche incendiaire qui, après avoir mis le feu à la maison, menace encore de le mettre aux quatre coins de l’Europe ; quand, jusqu’à présent, nous n’avons su que démolir sans fin, qu’entasser ruines sur ruines, et nous applaudir encore, nous pavanant sur ces vastes débris. Le progrès des lumières ! Ah ! parlons plutôt des progrès d’une dépravation sans exemple, qui déconcerte les tribunaux et épouvante les magistrats. Parlons des progrès des suicides, des empoisonnements, des parricides et autres forfaits inouïs dans l’histoire des crimes, dont nos papiers publics sont souillés à chaque page, et auxquels nous sommes tellement familiarisés qu’ils ne font pas plus d’impression sur les lecteurs que ces nouvelles éphémères qui, nous amusant aujourd’hui, sont oubliées le lendemain. Ah ! périssent les lumières, s’il faut les acheter à un tel prix, et les acquérir aux dépens de tout ce que nous avons été et de tout ce que nous devons être.

Instruction pastorale de Mgr de Boulogne … sur l’impression des mauvais livres, et notamment sur les nouvelles œuvres de Voltaire et de Rousseau, 1821

En attendant, nous supplions le gouvernement actuel d’épargner à notre pauvre France cette humiliation, cette honte d’être traînée sans pitié, sans défense, aux genoux du courtisan de Frédéric, aux pieds de l’homme qui prêcha la haine contre le peuple, contre la patrie, contre le Christ même, de ce fils et de ce Français qui, dès douze ans, insultait à la vertu de sa mère, et à soixante écrivait La Pucelle.

[Anonyme], Adresse publiée dans le journal La Défense, 11 mai 1878

Voltaire à Ferney