La religion infâme ! Ah ! les infâmes sont ceux qui s’efforcent d’étouffer, parmi les hommes, les notions saintes du bien et du mal, qui élèvent au même rang le crime et la vertu, la honte et l’honneur, la pudeur et l’effronterie, le parjure et la bonne foi. Les infâmes sont ceux qui brisent les liens de la nature et du sang, qui soulèvent les fils contre leurs pères, les épouses contre leurs époux, les peuples contre leurs chefs, qui sèment dans toutes les âmes, dans toutes les familles, dans tous les rangs, les principes du désordre, du meurtre et de l’anarchie. Les infâmes sont ceux dont la bouche obscène et la langue impie vomissent sur les peuples le blasphème et l’impureté, et distillent sans cesse le poison du mensonge et de la calomnie.
La philosophie rendue à ses vrais principes ou cours d’étude sur la religion, la morale et les principes de l’ordre social, pour servir à l’instruction de la jeunesse, par MM. Mutin, Salgues et Jondot, 1800
Me pardonnera-t-on de le rappeler, ce cri, cet épouvantable cri, Écrasez l’infâme ! […] Ah ! je le dis à mon tour, je le dis aux gouvernements instruits par l’expérience ; je le dis à tous les hommes à qui la tranquillité, l’ordre, la morale, la société sont chères : Écrasez l’infâme ! Ecrasez cette philosophie destructive qui a ravagé la France, qui ravagerait le monde entier, si l’on n’arrêtait enfin ses progrès : encore une fois, Écrasez l’infâme !
Lamennais, Réflexions sur l’état de l’Église de France, 1808, p. 49
« Que signifie ce mot : Infâme ? dis-je à Clairville tout étonné. – Quoi ! me répondit-il, vous l’ignorez ? C’est le nom que Voltaire, d’Alembert et d’autres philosophes donnèrent à Jésus-Christ et à sa religion. » Cela me fit horreur et pitié tout à la fois. « Il leur fallait, ajouta Clairville, un mot qui exprimât toute la rage dont ils étaient animés contre Jésus-Christ. Ils ont trouvé celui d’infâme : ils en ont rempli leurs lettres. Ecrasez l’infâme, c’est par là qu’ils les terminèrent, elles étaient dignes de cet épouvantable refrain.
Pierre Gourju, ancien professeur de philosophie, doyen de la Faculté des Lettres de l’Académie de Lyon, La philosophie du XVIIIe siècle dévoilée par elle-même, ouvrage dialogué, 1816
Enfin, il terminait toutes ses lettres à ses lieutenants par sa formule ordinaire : Ecrasons l’inf… L’infâme, c’était lui !
Histoire de la vie et des ouvrages de Voltaire, suivie des jugements qu’ont portés de cet homme célèbre divers auteurs estimés, par L. Paillet de Warcy, Paris, Mme Dufriche, 1824, 2 vol., t. I, p. 177.
Ce qui ajoute à la honte et à l’humiliation de l’esprit, ce qui surtout consterne la raison, c’est que le plus faquin et le plus corrompu des démagogues (car il faut en finir avec cet impudent blasphémateur qui, contre tout bon sens, s’est permis de traiter d’infâmes l’Evangile et son divin Auteur, et les apôtres de faquins) ait été l’idole de nos sociétés savantes et le coryphée des grands ; et qu’avec tant d’impiété, de cynisme et de versatilité, il ait pu faire un si grand nombre de dupes chez une nation polie et spirituelle. Ressasser, jusqu’au refrain, dans ses missives sacrilèges, cet appel au déicide : Ecrasons l’Infâme !!!… Cri sinistre !!! L’équivalent certes des vociférations juives : Tolle, tolle, crucifige !! S’il ne les surpasse…
Discours contre l’esprit du siècle ou sur l’obéissance,
par M. B Lansac, à Bordeaux, 1833
On a pu entendre, il est vrai, au dernier siècle, un écrivain qui avait pris pour devise, en désignant [le Christ] : Écrasez l’infâme ! Mais cette parole, Messieurs, n’a pu franchir le siècle qui l’avait prononcée ; elle s’est arrêtée, tremblante, aux frontières du nôtre, et, depuis, aucune bouche humaine, même parmi celles qui ne sont pas respectées, n’a osé répéter cette parole d’une guerre impie. Elle est demeurée sur la tombe de celui qui l’avait dite le premier, et elle y attend, après le jugement d’une postérité qui est déjà venue, le jugement plus sévère encore de la postérité à venir.
Henri-Dominique Lacordaire, Conférences de Notre-Dame de Paris, XXXVII, De la vie intime de Jésus-Christ, 1846
Un mot exprime Voltaire et le siècle dont il fut le roi : Écrasons l’infâme. L’infâme, ce fut Voltaire, l’infâme ce fut son siècle, l’infâme ce fut le servum pecus, le vil troupeau des admirateurs de Voltaire! Et à la fin, il n’y eut d’écrasé que Voltaire, son siècle et son troupeau.
Marin de Boylesve, Appel contre l’esprit du siècle, précédé d’un coup d’œil sur les principaux objets de l’enseignement, 1857
Une statue à l’infamie personnifiée !
Félix Dupanloup, Discours prononcé par Mgr Dupanloup […] à la séance de l’Assemblée générale des catholiques à Malines, le 5 septembre 1867, sur la lutte chrétienne, Malines, 1867
Il a été infâme, il est écrasé.
Louis Veuillot, Dernier article sur le Centenaire, L’Univers, 8 juin 1878.
Les Infâmes
Titre mis par Paul Claudel, après sa conversion en 1890, à une liste des livres de sa bibliothèque à brûler : Taine, Hugo, Renan, Zola et autres, tous épigones ou disciples de l’Infâme en chef